Dans sa thèse intitulée Le Beau sexe faible : les images du corps féminin entre cosmétiques et santé, Bruno Remaury souligne à quel point la femme, dans notre société actuelle, est victime d’ un véritable « terrorisme du corps ». En effet, si l’image de la femme a toujours été intimement liée à la beauté, celle-ci est aujourd’hui indissociable de la notion de souffrance. Plus que jamais, il faut souffrir pour être belle. Une souffrance tant physique que morale. Physique car le corps, bien que libéré des corsets et autres objets de torture, reste contraint. La femme doit contraindre son corps à être le plus proche possible de stéréotypes, véhiculés en masse par les médias. Morale parce que désormais, la femme est responsable de sa beauté. Si elle n’est pas belle, elle est coupable, au regard de toutes les technologies qui lui sont proposées et qui se sont fortement démocratisées ces dix dernières années. Par ailleurs, elle évolue dans une société où le « souci de soi » est permanent. Elle se regarde, s’observe, et ne s’aime pas, pensant inconditionnellement qu’elle pourrait être mieux, si elle s’efforçait de s’autocontrôler davantage. Voilà le drame de la condition féminine à l’aube du XXIe siècle. Un drame d’autant plus violent qu’il se double d’un culte de la jeunesse dont la société, dans son ensemble, se fait l’apologiste. Jeune dans son corps, jeune dans sa tête, sinon rien. Et si l’homme vieillissant conserve son sex appeal avec ses cheveux grisonnants et son visage buriné, la femme, quant à elle, a le devoir de rester jeune pour rester belle. Quand Mick Jagger peut monter sur scène avec ses rides et son corps marqué, Madonna se doit de torturer le sien, des heures durant, pour espérer conserver son statut de « star ». Il ne suffit pas à la femme d’être jeune dans sa tête. Elle se doit également d’engager son corps dans cette quête de l’éternité. Elle se surprend à nier la vieillesse. Elle la refuse, la rejette. « Je jeune » pourrait-elle dire.
Certes, ce n’est pas nouveau. La littérature nous le rappelle. C’est la méchante Reine de Blanche Neige qui cherche à tuer sa belle fille, ne supportant pas que la beauté juvénile de cette dernière supplante sa beauté déclinante. C’est aussi Dorian Gray et son désir de beauté éternelle ou encore Léa, courtisane célébrée par Colette, qui cherche un peu de jeunesse, dans les bras d’un amant de 20 ans son cadet : Chéri. Oui, ces personnages souffrent. Mais c’est une souffrance différente. Au fond, ils ne souffrent pas de leur corps vieillissant et de l’image que celui peut renvoyer. La Reine souffre de jalousie, Dorian souffre de s’être asservi à son tableau et Léa souffre d’amour. Et quand bien même, à un temps donné, ils souffrent de la fuite du temps, les remèdes invoqués restent inoffensifs (nous entendons pour le corps en lui même) puisqu’ils relèvent de la magie ou de l’amour.
Or aujourd’hui, il faut lisser, tirer, couper, meurtrir la moindre parcelle qui tenterait de céder à l’oisiveté d’une terre en jachère. Ce n’est plus la Montespan et ses recettes incantatoires, c’est Madonna, ses heures de sport à outrance, son régime macrobiotique et la main habile de son chirurgien.
Un projet réalisé par Thomas Nicolas Kubrick, Élise Bonaventura Huppert, Thomas Hasky Meisel, et Mélanie Ortolo Ortolo from IFM.
Certes, ce n’est pas nouveau. La littérature nous le rappelle. C’est la méchante Reine de Blanche Neige qui cherche à tuer sa belle fille, ne supportant pas que la beauté juvénile de cette dernière supplante sa beauté déclinante. C’est aussi Dorian Gray et son désir de beauté éternelle ou encore Léa, courtisane célébrée par Colette, qui cherche un peu de jeunesse, dans les bras d’un amant de 20 ans son cadet : Chéri. Oui, ces personnages souffrent. Mais c’est une souffrance différente. Au fond, ils ne souffrent pas de leur corps vieillissant et de l’image que celui peut renvoyer. La Reine souffre de jalousie, Dorian souffre de s’être asservi à son tableau et Léa souffre d’amour. Et quand bien même, à un temps donné, ils souffrent de la fuite du temps, les remèdes invoqués restent inoffensifs (nous entendons pour le corps en lui même) puisqu’ils relèvent de la magie ou de l’amour.
Or aujourd’hui, il faut lisser, tirer, couper, meurtrir la moindre parcelle qui tenterait de céder à l’oisiveté d’une terre en jachère. Ce n’est plus la Montespan et ses recettes incantatoires, c’est Madonna, ses heures de sport à outrance, son régime macrobiotique et la main habile de son chirurgien.
Un projet réalisé par Thomas Nicolas Kubrick, Élise Bonaventura Huppert, Thomas Hasky Meisel, et Mélanie Ortolo Ortolo from IFM.
bien joué bb...proud of you
RépondreSupprimerEncore bravo à tous ! je le re-regarde avec grand plaisir et admiration :)
RépondreSupprimert'as réussi à le compresser ? t'es la meilleure BB.
RépondreSupprimerWaou, je l'avais pas vu,
RépondreSupprimerça vaut son 20/20 et son boulversant!
Et big up à Flore!
Un texte de Elise?
GENIAL!!
RépondreSupprimerLe temps s'est suspendu lors de la projection à l'IFM. Un grand bravo à tous les 5. Beaucoup d'émotion...Peur de ne pas être aimable, aimée, peur de la mort...? Pour quelques cm de chair un peu trop affaissée ? Nous les filles on vaut tellement mieux que ça.Il faut relire "belle du seigneur"...
RépondreSupprimerTres interessant ce bouquin ! Larticle aussi par ailleurs.
RépondreSupprimerBasous !