samedi 30 mai 2009

À coeur brisé convient le film de merde.

« Chick lit », c’est le nom que l’on emploie pour désigner les romans écrits par des femmes, et destinés aux femmes, dans les pays anglo-saxons (Bridget Jones, Le Diable s’habille en Prada, Accro du shopping…). Je viens de l’apprendre. Et Dieu soit béni, n’ayant jamais poseé mon cul pour lire ce genre de livre, je ne suis pas assimilable au cerveau d’une poule, du moins en ce qui concerne mes goûts littéraires (pour ce qui est de la finance, de la physique et du reste : à voir). Il faut dire que de Bridget Jones au Diable s’habille en Prada, on ne s’attaque pas à du Simone de Beauvoir. Je suis d’ailleurs un peu outrée de lire que ces romans seraient représentatifs d’une « seconde vague de féminisme ». Certes, l’héroïne prend son destin en main, assume ses erreurs, et se bat dans un monde dur et violent, pour finalement l’emporter contre le mal. Ce qui est, vu sous cet angle, assez séduisant. Je vous l'accorde. Malheureusement, tout cela est à recadrer vivement. « Le monde dur et violent » ne se réfère qu’à Manhattan (pas à l’Irak), et « Mal » ne désigne qu’une une rédac chef hystérique (ouhhhh, j’ai peur), pas une violence conjugale ou un cancer en phase terminale. En outre, le tout est servi dans une prose, on ne peut plus insipide. Or, excusez-moi du peu , mais il semblerait que j’ai une plus haute opinion du féminisme contemporain . Et puis, j’ai beau aimer la mode, me mettre du vernis, et baby lisser mes cheveux : j’attends pas qu’un roman me narre en version dramatique, une partie (je dis bien une partie) de ma vie quotidienne. J’aspire à ce que la littérature élève mon esprit, bien au dessus de mes petits hobbies.
Pourtant, Pourtant, je dois me confesser.
Après une semaine de « passades émotionnelles » (là, je cite quelqu’un), j’acceptai une proposition que j’aurais peut-être refusée en temps normal : « Dis, tu viens, on va voir Accro du shopping » (l’adaptation du roman de Sophie Kinsella, qui porte le même nom). Malgré mon aversion pour la « chick lit », j’ai pas hésité deux secondes. Une bonne merde pour une semaine de merde. Me voilà donc assise, dans l’UGC des Halles, avec un énorme pannini et un brownie bien gras, bien écrasé. Pas de « crises passionnelles » (là, je cite encore quelqu’un) sans une bonne dose de calories. Première séquence : l’héroïne, petite, souffre que sa mère soit obsédée par les économies et qu'elle la contraigne à porter une paire de sandales immondes. Frustrée par ces privations continuelles, elle se vengera sur sa première carte bleue (il y a toujours un grand fond psychanalytique dans ce genre de livre/film).
NOOONNNNN, je ne veux pas m’identifier à ça. Pas le choix, c’est moi. En plus, elle a un mac avec une coque rose, et veut devenir journaliste...de mode. Non, non, non, pas de chick lit, pas de chick movie. Il faut que je déteste. Je dois sortir de là et pouvoir dire « Quelle daube ! ». Trop tard : je ris, je pleure, j’ai le cœur qui trésaille. Je me suis fait avoir, c’est pas possible. C’est de la faute de la cause des « passades émotionnelles », pas de la mienne. J’ai pas le cerveau d’une poule quant à mes goûts cinématographiques, tout de même. Non. À cœur brisé convient le film de merde (nouveau proverbe). Point à la ligne.
Nan, mais soyons rassuré. La passade émotionnelle étant passée, et n’excédant pas une passade émotionnelle par an, je ne risque pas de transformer mon home sweet home, en basse cours. Allez, j’attrape le Deuxième sexe, et je m’y plonge.

Morale: la chick litt et le chick movie ne sont bien que dans tu es dans une passade émotionnelle. Sinon, t'as pas le droit. Ok?




http://www.randomhouse.com/bantamdell/kinsella/index.html
Le magnifique site de Sophie Kinsella avec des tournesols, du parme, du rose, et une gueule de conne.

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